NOS LLEGA DESDE PARIS (Francés y luego traducción al Español). Muy interesante reflexión sobre la pandemia del Coronavirus
De la vie
par des temps de pandémie…
Disons-le
clairement, nous n’avons strictement aucune idée de ce que nous sommes en train
de vivre. Et si une seule chose nous paraît aujourd’hui certaine, c’est que
nous n’avons pas fini de compter nos morts et de constater les dégâts
sanitaires, humains et économiques causés par la diffusion mondiale du
coronavirus.
Nous savons aussi qu’au bout du compte, c’est la
tristesse et la misère qui nous attendent. Et comme toujours, elles toucheront
plus durement les plus fragiles d’entre nous. Pour le reste, on ne sait rien.
On doute, on se noie, heure après heure, dans les informations pour en arriver
à la conclusion que les ministres et les puissants de ce monde n’en savent
guère plus que nous.
Et pourtant, si l’on ouvre bien grand nos yeux et nos
oreilles, on sera surpris d’apprendre qu’il est possible au niveau d’un pays,
et même d’un continent, de prendre des mesures radicales pour protéger les
populations. Ces mêmes mesures dont on nous dit pourtant depuis une décennie
qu’elles sont impossibles lorsqu’il s’agit de lutter contre le réchauffement
climatique, de mettre un terme à la pollution aux pesticides ou encore
d’interdire purement et simplement les perturbateurs endocriniens. Jugées
nécessaires et appliquées aujourd’hui sans hésitations, ces mesures visant à
renforcer nos systèmes sanitaires étaient pourtant hier encore sacrifiées au
nom d’un réalisme économique qui nous prévenait catégoriquement qu’elles
n’étaient pas viables. Celles et ceux qui s’opposaient à la destruction de
notre structure sociale, qui appelaient une utilisation différente de nos
ressources économiques, ont été trop souvent traités d’idéalistes, de
populistes ou de rêveurs naïfs. Malheureusement, on constate aujourd’hui le
prix que le « réalisme » nous fait payer face à une crise sanitaire majeure,
face à une situation bien « réelle ». On aurait donc presque du mal à y croire.
En quelques jours, les responsables politiques ont su miraculeusement trouver
le volontarisme et les ressources (éthiques et financières) qui leur faisaient
défaut quand il était question de réguler l’industrie automobile, d’accueillir
dignement réfugiés et migrants ou de renforcer la structure sociale de nos
pays.
Voilà donc au moins ce que nous aurons appris : le fatalisme
économique, la destruction de nos écosystèmes au nom de logiques industrielles,
la boulimie anthropophagique des banques, les dictats du FMI (et la conséquente
destruction de nos services publics), toutes ces réalités que les gauchistes
œdipiens n’acceptaient pas, peuvent sauter. Certes, on tentera probablement de
nous expliquer, une fois l’horreur passée, que ces mesures étaient nécessaires
parce que la vie était en danger. Les plus perspicaces d’entre nous répondront
alors que la chimie de synthèse, la pollution atmosphérique et l’industrie
pétrolière écrasent concrètement le vivant non pas demain ou après-demain, mais
depuis longtemps.
Seulement voilà, « les plus perspicaces
d’entre nous » sont loin d’être la majorité des gens. La menace du désastre
écologique paraît à la plupart plus lointaine et moins immédiate. D’abord,
semble-t-il, car elle ne touche pas encore directement (ou du moins, elle le
fait sans que les gens s’en aperçoivent) une partie de la population mondiale
qui vit dans le confort. Ensuite, car cette menace inclut un nombre
considérable de variables qui restent inconnues ou obscures à la majorité des
personnes qui, dans la difficulté de se les représenter, peine à se sentir
concernée et agir. Au contraire, une menace comme celle de la pandémie que nous
vivons actuellement apparaît comme immédiate : on peut en mourir, aujourd’hui,
maintenant. Il faut se protéger, agir. La question est donc de savoir ce qui
détermine le caractère d’immédiateté de la menace. S’agit-il réellement d’une
propriété intrinsèque à cette pandémie, qui la différencierait, par exemple, de
la menace écologique ? En regardant de près la situation, il nous semble que ce
qui a contribué de manière décisive à rendre cette pandémie une menace
immédiate est en bonne partie lié à l’action des gouvernements et au dispositif
disciplinaire mis en œuvre. Autrement dit, ce qui l’a rendue immédiate n’est
pas la mortalité du virus (caractère intrinsèque) mais plutôt l’action
disciplinaire des gouvernants. Cela constitue pour nous une leçon fondamentale
dont il faudra se souvenir : si tout ce que l’on perçoit n’est pas forcément
aperçu (au sens de Leibniz), il est certain que pour passer d’une perception
(ce dans quoi nous sommes immergés) à une aperception (une image claire à
partir de laquelle et par rapport à laquelle nous pouvons agir) il faut une
action. Dans ce cas particulier, il a fallu l’action
coercitive des gouvernements. C’est donc l’acte de découpage et
d’identification d’une menace comme immédiate qui peut nous faire passer d’une
perception diffuse à une aperception claire. Pourquoi dès lors, n’arrivons-nous pas à agir de même
pour les autres menaces ? Car, pour l’heure, il faut bien reconnaître qu’il
existe encore qu’une minorité de gens (certes, une minorité croissante) qui
aperçoit la menace immédiate du désastre écologique (beaucoup de scientifiques,
des figures-symbole comme Greta Thunberg...). En revanche, ce qui n’existe pas,
c’est une action des gouvernements et un mouvement de légitimation (pas
forcément disciplinaire) de cette aperception d’une minorité, c’est-à-dire un
acte de découpage nécessaire à l’action.
On ne sait
pas qui sera là demain et qui nous devrons pleurer. Mais on sait au moins qu’il
nous faudra ne pas perdre la mémoire. Car cette pandémie n’est pas un «
accident », mais un événement auquel on s’attend depuis 25 ans. Comme dans
Crime et Châtiment, ceux qui ont commis et perpétuent tous les jours l’écocide
savent qu’ils sont coupables, connaissent leurs crimes et attendent le «
châtiment ». Ne perdons pas la mémoire, non pas seulement pour ériger
des monuments, mais aussi pour se rappeler qu’il est possible de limiter la
barbarie économiciste et que les (ir)responsables peuvent et doivent appliquer
des plans de protection de la vie et de la culture. Ne perdons pas la mémoire,
par rapport à la capacité qu’ont montrée les gouvernements, lorsqu’ils le
veulent vraiment, de rendre une menace immédiate et apercevable.
Collectif Malgré Tout
La vida en tiempos de
pandemia
Miguel Benasayag
marzo de 2020
Traducción al castellano de Pedro Cazes Camarero
Dejemos en
claro que no tenemos ni idea de lo que estamos pasando. Y si solo una cosa nos parece segura
hoy, es que no hemos terminado de contar nuestras muertes, ni de constatar los
daños a la salud, humanos y económicos causados por la propagación mundial del
coronavirus.
También
sabemos que al final del día, lo que nos espera es tristeza y miseria. Y como
siempre, golpearán más duramente a los más vulnerables entre nosotros.
Sin
embargo, si abrimos los ojos y los oídos de par en par, nos sorprenderá saber
que es posible, a nivel de un país, e incluso de un continente, tomar medidas
radicales para proteger a las poblaciones. Las mismas medidas que han repetido
durante una década que son imposibles cuando se trata de combatir el
calentamiento global, poner fin a la contaminación con pesticidas o incluso
prohibir los disruptores endocrinos. Consideradas necesarias y aplicadas hoy
sin vacilar, estas medidas dirigidas a fortalecer nuestros sistemas de salud,
todavía ayer se venían sacrificando en nombre de un realismo económico, el cual
nos advertía categóricamente que no eran viables.
Aquellos
que se opusieron a la destrucción de nuestra estructura social, que pidieron un
uso diferente de nuestros recursos económicos, fueron llamados idealistas,
populistas o soñadores ingenuos con demasiada frecuencia. Desafortunadamente,
comprobamos hoy el precio que el "realismo" nos hace pagar ante una
gran crisis de salud, ante una situación muy "real", por lo cual
sería casi difícil de creer. En pocos días, los líderes políticos supieron
milagrosamente cómo encontrar el voluntarismo y los recursos (éticos y
financieros) que les faltaba a la hora de regular la industria del automóvil,
acoger con dignidad a refugiados y migrantes o fortalecer la estructura social
de nuestros paises.
Así que al
menos esto es lo que habremos aprendido: fatalismo económico, la destrucción de
nuestros ecosistemas en nombre de la lógica industrial, la bulimia antropofágica
de los bancos, los dictados del FMI (y la consiguiente destrucción de nuestros
servicios públicos), todas estas realidades que los izquierdistas edípicos no
aceptaron, pueden saltar. Ciertamente, una vez que haya pasado el horror
estaremos tentados de explicarnos de que estas medidas eran necesarias, porque
la vida estaba en peligro. Los más perspicaces entre nosotros responderán que
la química de síntesis, la contaminación del aire y la industria petrolera
aplastan concretamente a los seres vivos no mañana o pasado mañana, sino
durante mucho tiempo.
Sin
embargo, "el más perspicaz de nosotros" está lejos de la mayoría de
las personas. La amenaza del desastre ecológico les parece a la mayoría más
lejana y menos inmediata. Primero, les “parece”, porque todavía no afecta
directamente a la parte de la población mundial que vive con comodidad (o lo
hace, pero sin que la gente se dé cuenta). En segundo lugar, porque esta
amenaza incluye un número considerable de variables que permanecen desconocidas
u oscuras para la mayoría de las personas quienes, en la dificultad de
representárselas, tienen dificultades para sentirse preocupadas y actuar. Por
el contrario, una amenaza como la de la pandemia que estamos experimentando
actualmente parece ser inmediata: podemos morir de ella hoy, ahora. Debemos
protegernos, actuar. La pregunta es, por lo tanto, qué determina la inmediatez
de la amenaza. ¿Es realmente una propiedad intrínseca a esta pandemia, que la
diferenciaría, por ejemplo, de la amenaza ecológica? Mirando de cerca la
situación, nos parece que lo que ha hecho una contribución decisiva para hacer
de esta pandemia una amenaza inmediata está en gran medida vinculado a la
acción de los gobiernos y al sistema disciplinario implementado.
En otras palabras, lo que lo hizo inmediato no
fue la muerte del virus (carácter intrínseco) sino más bien la acción
disciplinaria de los gobernantes. Esto constituye para nosotros una lección
fundamental que debemos recordar: si todo lo que percibimos no se ve
necesariamente (en el sentido de Leibniz), es seguro que para pasar de una
percepción (en la cual que estamos inmersos) a una apercepción (una imagen
clara desde la cual y en relación con la cual podemos actuar) se necesita
acción. En este caso particular es que actuó la acción coercitiva de los
gobiernos. Es por lo tanto el acto de cortar e identificar una amenaza como
inmediata lo que nos puede mover de una percepción difusa a una apercepción
clara. ¿Por qué entonces no podemos hacer lo mismo con otras amenazas? Porque,
por ahora, debe reconocerse que todavía solo hay una minoría de personas
(ciertamente, una minoría en crecimiento) que percibe la amenaza inmediata de
un desastre ecológico (muchos científicos, figuras simbólicas como Greta
Thunberg). Por otro lado, lo que no existe es una acción de los gobiernos y un
movimiento legitimador (no necesariamente disciplinario) de esta apercepción de
una minoría, es decir, un acto de división necesario para la acción.
No sabemos
quién estará allí mañana y por quién lloraremos. Pero al menos sabemos que no
tendremos que perder la memoria. Porque esta pandemia no es un
"accidente", sino un evento que se esperaba desde hace 25 años. Al
igual que en “Crimen y Castigo” (novela de Dostoievsky) , quienes cometieron y
perpetúan el ecocidio todos los días saben que son culpables, conocen sus
crímenes y esperan el "castigo". No perdamos nuestros recuerdos, no
solo para erigir monumentos, sino también para recordar que es posible limitar
la barbarie economicista y que los (ir) responsables pueden y deben aplicar
planes para proteger la vida y cultura. No perdamos la memoria, en vista de la
capacidad que los gobiernos han demostrado, cuando realmente lo desean, para
enfrentar una amenaza inmediata y perceptible.
No hay comentarios:
Publicar un comentario