Arendt
y Heidegger. Exterminación nazi y la destrucción del pensamiento.
Por
Emmanuel Faye
¿Que ocurre con el pensamiento cuando se ve instrumentalizado en una
estructura bipolar erigida en nuevo mito moderno, donde se enfrentan el
"pensador" (Heidegger)y el " burócrata común " (Eichmann)? Desde
hace una quincena de años, las apariciones de numerosos escritos de Heidegger
revelaron la radicalidad de su nacionalsocialismo y de su antisemitismo. Sus
defensores entonces se aferraron a la intensidad de su recepción, para intentar
salvar su estatuto de “gran pensador”. Entre éstos, Hannah Arendt es sin ningún
género de duda la que habrá contribuido
más, después de 1945, a la difusión planetaria de su pensamiento. Como muestra,
nos topamos sin embargo con una cuestión que será uno de los interrogantes directrices del
libro: ¿ cómo pudo el mismo autor conciliar defensa hiperbólica de Heidegger y
la descripción critica del totalitarismo nacionalsocialista, en particular en
su informe sobre el proceso Eichmann?
¿No hay una contradicción en la obra de Arendt? Encontramos allí una
descripción crítica del totalitarismo nacionalsocialista, pero también la
apología de Heidegger erigido, a pesar de su elogio de la " verdad interna
y el tamaño " del movimiento nazi, en (forma de) rey secreto del
pensamiento. El estudio de “Los Orígenes del Totalitarismo” muestra que Arendt
desarrolla una visión heideggeriana de la modernidad. En “Condición del hombre
moderno”, el diseño deshumanizado por la humanidad en el trabajo y el
descrédito echado sobre nuestras sociedades igualitarias también proceden de
Heidegger. Además, cartas inéditas muestran que Arendt decidió seguir el paso
de Heidegger antes de sus reencuentros del año 1950. Se trata de una adhesión
intelectual e irreductible a la sola pasión amorosa, y que merece ser tomada en
serio. Por cierto, Arendt no comparte el antisemitismo exterminador de
Heidegger confirmado por su “Cuadernos Negros”. ¿ Qué pasa, sin embargo, con el pensamiento cuando
se ve instrumentalizada en la oposición - nuevo mito moderno - entre Heidegger,
el "pensador" retirado sobre las alturas nevadas de su choza de
Todtnauberg, y Eichmann, el ejecutante sin pensamiento, el "payaso"
amurallado en su jaula de cristal?
Arendt parece en efecto contradecirse: de un lado hitleriano, sus
estudios de la dinámica destructora de los movimientos estalinistas del siglo
XX, calificados por ella como totalitarios; por la otra parte, su apología de
Heidegger en 1969 cuando cumplía ochenta años. Para Emmanuel Faye esta
contradicción sólo es aparente, y la interpretación por Arendt del
nacionalsocialismo permite exonerar a Heidegger de toda responsabilidad ligada
a sentimientos.
EL AUTOR: EMMANUEL FAYE es profesor de filosofía en la Universidad de
Rouen – sus investigaciones versan sobre
la filosofía francesa y alemana de los Tiempos Modernos y sobre la filosofía
política contemporánea - crítica del
totalitarismo nacionalsocialista y de Martin Heidegger. La publicación, en
2005, de su Heidegger, la introducción del nazismo en la filosofía a suscitado
numerosos remolinos, una discusión internacional y nuevas búsquedas.
ARENDT
ET HEIDEGGER
Extermination
nazie et destruction de la pensée
Par
Emmanuel Faye
Comentaire par Agnès Olivo
Qu’advient-il
de la pensée lorsqu’elle se voit instrumentalisée dans une
structure bipolaire
érigée en nouveau
mythe moderne, où se font face le « penseur » (Heidegger) etle «
bureaucrate banal » (Eichmann) ?
Depuis une quinzaine d’années, les parutions de nombreux écrits de
Heidegger ont révélé la
Radicalitéde son national-socialisme et de son
antisémitisme. Ses défenseurs se sont alorsraccrochés à l’intensité de
sa réception, pour tenter de sauver son statut de grandpenseur.Parmi ceux-ci, Hannah Arendt est sans conteste
celle qui aura le plus contribué, après 1945,à la diffusion planétaire de sa pensée.
À la lire, on se heurte cependant à une question quisera l’une des
interrogations directrices du livre : comment un même auteur a-t-il pu
concilierla défense hyperbolique de
Heidegger et la description critique du totalitarisme national-socialiste,
en particulier dans son rapport sur le procès Eichmann ?
N’y a-t-il pas une contradiction dans l’œuvre d’Arendt ? On y
trouve une description critique du totalitarisme national-socialiste, mais
aussi l’apologie de Heidegger érigé, malgré son éloge de la « vérité
interne et grandeur » du mouvement nazi, en roi secret de la pensée.
L’étude des Origines du totalitarisme montre qu’Arendt
développe une vision heideggérienne de la modernité. Dans Condition de
l’homme moderne, la conception déshumanisée de l’humanité au travail et le
discrédit jeté sur nos sociétés égalitaires procèdent également de Heidegger.
En outre, des lettres inédites montrent qu’Arendt a décidé de marcher sur les pas de Heidegger avant leurs retrouvailles de l’année 1950. Il s’agit d’une adhésion intellectuelle, irréductible à la seule passion amoureuse, et qui mérite d’être prise au sérieux.
Certes, Arendt ne partage pas l’antisémitisme exterminateur de Heidegger confirmé par sesCahiers noirs. Que devient cependant la pensée, lorsqu’elle se voit instrumentalisée dans l’opposition – nouveau mythe moderne – entre Heidegger, le « penseur » retiré sur les hauteurs neigeuses de sa hutte de Todtnauberg, et Eichmann, l’exécutant sans pensée, le « clown » muré dans sa cage de verre ?
En outre, des lettres inédites montrent qu’Arendt a décidé de marcher sur les pas de Heidegger avant leurs retrouvailles de l’année 1950. Il s’agit d’une adhésion intellectuelle, irréductible à la seule passion amoureuse, et qui mérite d’être prise au sérieux.
Certes, Arendt ne partage pas l’antisémitisme exterminateur de Heidegger confirmé par sesCahiers noirs. Que devient cependant la pensée, lorsqu’elle se voit instrumentalisée dans l’opposition – nouveau mythe moderne – entre Heidegger, le « penseur » retiré sur les hauteurs neigeuses de sa hutte de Todtnauberg, et Eichmann, l’exécutant sans pensée, le « clown » muré dans sa cage de verre ?
Arendt semble en effet se contredire : d’un côté, ses études de la dynamique destructrice des mouvements hitlérien etstalinien au XX e siècle, qualifiés par elle de totalitaires ; de l’autre, son apologie de Heidegger en 1969 pour ses quatre-vingts ans.Pour Emmanuel Faye cette contradiction n’est qu’apparente, et l’interprétation par Arendtdu national-socialisme et le fait d’exonérer Heidegger de toute responsabilité sontintimement liés.
L’AUTEUR
Emmanuel
Faye
est
professeur de philosophie à l’Université de Rouen – ses recherchesportent sur
la philosophie française et allemande des Temps modernes et sur la philosophiepolitique contemporaine – critique du
totalitarisme national-socialiste et de Martin Heidegger.La publication, en
2005, de son Heidegger, l'introduction du nazisme dans la philosophie
asuscité de nombreux remous, une discussion
internationale et de nouvelles recherches.